Chantilly maudit

La semaine dernière, je me suis rendu à Chantilly pour y découvrir son célèbre château. Si ce château de Chantilly est très connu, son histoire, elle, l'est beaucoup moins. Je l'ai découverte un peu par hasard, en parcourant un site web dédié aux voyages insolites. Le site présentait en effet ce château... comme maudit et hanté. Le duc de Saint-Simon, un impénitent discoureur du XVIIIe siècle, raconte en effet dans ses Mémoires le funeste destin des hôtes du château de Chantilly, poursuivis par la malédiction de la jeune Louise de Budos. Un histoire fascinante que j'ai envie de vous présenter aujourd'hui. Tout commence avec Henri Ier, duc de Montmorency et connétable de France. Il était déjà un vieil homme quand il se rendit à Pézenas, en février 1593, à l’enterrement de son dernier fils. Malgré les tragiques circonstances et son grand âge, il tomba éperdument amoureux d’une belle veuve de vingt ans, Louise, qu’il épousa dans les semaines qui suivirent. Louise s’ennuyait au château, jusqu'à sa rencontre avec un bel inconnu. La suite vous la devinez... sauf que le lendemain du jour où on la vit s'enfermer avec ce mystérieux personnage, sa tante, Mme de Dizimieu, la retrouva « par terre, le col entièrement tourné, le visage du costé de l'espine du dos, sans estre pourtant défigurée, et dans le cabinet une odeur de soufre très puante ». Le jour même de son enterrement, le duc de Montmorency s'éprit de la tante de sa défunte épouse, celle-là même qui avait découvert le corps de Louise. Ce nouvel engouement post-mortem était d’une telle frénésie qu'un nouveau mariage fut très vite célébré. Monsieur de Saint-Simon livre « l’explication » de ces coups de foudre intempestifs: Henri Ier aurait été victime d'un anneau enchanté porté d'abord par Louise et ensuite par sa tante. L'anneau au pouvoir magique permettait à la personne qui le portait de faire naître une passion exaltée chez la personne de son choix. L'explication est selon lui plausible parce que Mme de Dizimieu perdit l'amour de son mari le jour ou elle égara la bague. Le charme rompu, le connétable demanda le divorce, ce qui n‘eut pas l'honneur de plaire à l'âme errante de la belle Louise... Une sombre vengeance sembla poursuivre les différents propriétaires du château qui succombèrent ou sombrèrent dans la folie peu après avoir aperçu le fantôme de Louise de Budos dans quelque pièce. Plusieurs événements tragiques y eurent lieu : le suicide a l’épée de Vatel, le célèbre inventeur de la crème chantilly, qui se sentit déshonoré un Vendredi saint pour un retard dans l'arrivage du poisson alors qu'il organisait un destin à la gloire de Louis XIV ; le triste destin du duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe et héritier de Chantilly, qui fut foudroyé par une crise cardiaque en apprenant que sa nièce bien-aimée venait de périr dans le tragique incendie du bazar de la Charité... Mais le château, lui, ne donne aucune idée de ces malheurs, et semble tout droit sorti d'un conte de fées. Car c'est aussi le cadre enchanteur de fêtes princières dans lesquelles étaient invités La Fontaine, La Bruyère, Mme de Sévigné et Molière, qui y joua Tartuffe. Si vous le visitez un jour, n'oubliez pas de lire son histoire pour découvrir ses deux facettes. Je vous mets le lien vers le site de voyages insolites où j'ai trouvé l'histoire cachée du château. A découvrir sur le site Voyage Insolite – suivez le lien pour plus d’infos.