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11 octobre 2017

La police dans les quartiers difficiles

L'on dit souvent que la police ne va plus dans les quartiers difficiles. Mais la police ne peut - et elle n’en a pas la vocation - résoudre seule l’ensemble de ces problèmes qui dépassent largement le cadre pénal. Il faut d’abord rappeler que son action coercitive n’est pas forcément visible. Tout le travail de police judiciaire, qui permet de monter des procédures solides destinées à neutraliser des délinquants engagés dans des trafics en tout genre, repose le plus souvent sur des enquêtes discrètes, qui sont la condition de leur réussite. Ce type d’enquêtes - sur le fond - apparaît comme le seul qui puisse porter des fruits sur le long terme. Les actions de police tapageuses ne sont le plus souvent que des effets d’annonce à vocation politique et vont à l’encontre de ce travail minutieux. De plus, les actions spectaculaires aboutissent en général à de maigres résultats sur le plan judiciaire. Ensuite, la présence policière en tant que telle, par des patrouilles de voie publique notamment (police de proximité, force de maintien de l’ordre public, forces d’intervention), peut avoir une influence dissuasive - voire constater des délits - mais elle ne peut en aucun cas être une solution à l’ensemble des tensions que peut connaître un quartier. Et ce d’autant plus que le renforcement de la présence policière dans un quartier ne va pas sans générer des tensions, particulièrement avec les plus jeunes, comme en atteste la flambée des outrages et des rebellions. Ces tensions trouvent leur origine dans la distance sociale et culturelle qui sépare les jeunes des policiers. Si l’on considère l’exemple français, les policiers qui interviennent dans les quartiers dits « sensibles » sont d’abord jeunes (les policiers les plus expérimentés les désertent, faisant jouer leur ancienneté pour demander leur mutation dans des services plus « tranquilles » ou des rapprochements géographiques de leur région d’origine) et donc peu assurés professionnellement. Ils ont plutôt des niveaux de formation qui les éloignent des publics auxquels ils vont être confrontés (en 1998, près de 80 % des candidats admis au concours externe de gardien de la paix étaient titulaires au moins du baccalauréat et plus de 25 % d’un diplôme au moins égal à bac + 2). Ils proviennent essentiellement de petites villes de province (les départements d’origine des gardiens de la paix sont dans l’ordre le Pas-de-Calais, les Pyrénées-Orientales et les DOM - Massal 1993), c’est-à-dire qu’ils ont connu une socialisation très différente des habitants des quartiers populaires, qu’ils soient ou non d’origine immigrée. Cet ensemble de facteurs explique leur malaise à intervenir dans des ensembles urbains dont ils ne connaissent ni les codes ni le fonctionnement, et se traduit à la fois par la peur d’intervenir et surtout par l’absence de distance qui caractérise des policiers plus expérimentés et en affinité avec leur terrain.

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